Entrée des artistes

Bien des artistes ont dû se réinventer durant la pandmie. Macaire Everett elle a transformé l’entrée devant chez elle en studio extérieur, avec tous les défis météorologiques que cela implique. D’artiste à la craie, au début de la pandémie, la voici maintenant autrice. Avec son frère Camden, sa muse, elle vient de publier son son premier livre. Le merveilleux ouvrage regroupe plus de 120 photographies pleine page, de dessins à la craie qu’elle a réalisés.

Le livre en anglais The world from our driveway (sur Amazon) nous plonge dans l’aventure de l’adolescente et de son jeune frère, qui font face à l’impératif apprentissage à la maison, imposé par la pandémie. Une section du livre nous montre le travail de préparation et de documentation des dessins. Chaque page offre à apprécier les multiples sources d’inspiration. Ce qui rend cette histoire si touchante, est de voir comment l’impulsion de départ de se protéger, voire s’immuniser, coûte que coûte contre l’ennui (en plus du virus), s’est transformé en mission familiale et communautaire pour encourager la résilience et apporter du bonheur tout azimut.

Macaire a partagé allègrement ses images sur les réseaux sociaux. Un de nos articles de l’été dernier avait présenté son très populaire compte Instagram. Quel soulagement de savoir que son travail, bien qu’éphémère en soi, puisse être mis en mémoire sur papier. Peut-être l’entrée d’auto elle-même sera-t-elle un jour désignée patrimoine reconnu par l’UNESCO. Fabulation? Après tout, les musées du monde ne se précipitent-ils pas en ce moment, pour documenter la vie durant cette pandémie?

Les compositions de Macaire sont chacune si inspirées et attrayantes, qu’il est impossible d’en faire sortir une du lot. Avec la Fête des Mères à nos portes, il faut voir le dessin cadeau d’anniversaire que Macaire à offert à sa mère. Le seul réalisé à l’intérieur par un jour de pluie, ne manquera pas de vous émouvoir. Pour nous à la Collection, s’il faut en pointer un en paticulier, ce sera celui intitulée We are all in this together (tout le monde ensemble). Un titre bien à propos pour la pandémie, mais aussi parce que c’est le seul dessin pour lequel Macaire a puisé dans ses propres archives personnelles et pour lequel elle s’est mise en scène au côté de sa muse. Dans cette fresque, le personnel et l’universel se rejoignent pour le plus grand bonheur du lecteur.

The world from our driveway, couverture arrière. Par Macaire Everett. Source: Amazon.ca, 4 mai 2021.

Paroles d’enfants

Notre Collection est d’abord connue pour les dessins, peintures et collages qu’elle contient, mais nous nous intéressons tout autant aux créations numériques, audios et multimédia. Nous abordons aujourd’hui l’enregistrement vidéo et cinématographique de la parole enfantine.

Comme nous l’apprenait Marshall (McLuhan), le médium est le message et bien entendu les réseaux sociaux sont essentiellement de grosses machines à publicité. Mais ceci dit, il est assez rafraîssissant de voir et d’entendre les enfants s’exprimer sur Pinterest, Youtube ou Tik Tok sous la supervision bienveillante de leurs parents. Leur contenu est généralement des plus spontané et authentique, à part quelques enfants vedettes mis en scène par des parents spécialistes en marketing ou eux-mêmes vedettes du web. Les réseaux sociaux rendent le mieux les intérêts ludiques et la créativité des enfants. Le bonheur que les enfants ont à partager leur fierté dans leurs réalisations et leurs habilités est palpable.

Ce que les réseaux sociaux font moins bien, c’est permettre un degré d’attention et un espace, aussi virtuel soit-il, propices à un partage des réflexions sérieuses et individuelles des enfants, sans que ces réflexions soient teintées d’une intention pédagogique ou thérapeutique. Ce niveau d’attention et cet espace de dialogue authentique n’ont été rendus possibles à ce jour que par des documentaristes. Malheureusement, ces captations d’enfants qui ont bien des choses à dire, ne sont pas légion et on les souhaiterait plus fréquentes et plus largement diffusées.

Nommons deux de ces documentaires à 20 ans d’intervale et probablement inconnus de presque tout le monde. Paroles d’enfants, scénarisé et réalisé par Isabelle de Blois (Production Triangle, 2017). Ce documentaire nous fait rencontrer une quarantaine d’enfants des régions du Québec. Le tout est filtré par une vision somme toute idéalisante de l’enfance comme pleine de potentiel plutôt que force vive et actuelle. Autre époque, au continent, même titre, Paroles d’enfants, réalisé par Eric Guéret et Oumar Sall (Mangui Films, 1999) nous transporte dans les rues du Sénégal, à la rencontre d’enfants confrontés à leur enfance qui fuit. Ces documentaire à ne pas confondre avec Paroles d’enfants, film de fiction pour la télévision française, réalisé par Miguel Courtois en 1996.

Paroles d’enfants, bande annonce. Source: Productions Triangle, Vimeo, 22 décembre 2020.

Il était une fois l’Histoire

Paraphrasons Albert Einstein et admettons que si nous répétons la même erreur en souhaitant des résultats différents, c’est que nous manquons de jugement, ou pire. Jusqu’à tout récemment, trop peu a été fait pour préserver l’expression enfantine. Il en résulte une insuffisance de la contribution des enfants au discours social, effacée et inaccessible aux historiens qui ne peuvent en tirer des interprétations éclairantes. Un constat pour le moins désolant surtout pour les 150 dernières années, en sommes depuis l’émergence de l’instruction publique en occident.

Heureusement, la chose semble vouloir s’améliorer au XXIe siècle et une poignée d’historiens montrent un intérêt grandissant pour ce que les enfants ont à dire verbalement ou sur papier. Il est plus que temps car ce que les enfants ont laissé de traces sur papier durant la seconde moitié du siècle dernier, est sur le point de disparaître à jamais. Nous avons initié notre Collection en grande partie pour remédier à cela et éviter de répéter les négligences du passé, en ce qui concerne le dessin d’enfant.

Prenons à témoin ce superbe article de Franck Beuvier, publié en 2009 dans la Revue d’anthropologie et d’histoire des arts et accessible sur Open Edition Journals: Le dessin d’enfant exposé, 1890-1915. Art de l’enfance et essence de l’art. Article fouillé, riche en détails, instruit, captivant, mais pas de dessin.

Un autre article plus récent, paru en 2015, tout aussi captivant, s’en sort mieux avec quelques photos: Dessins d’enfants et aide humanitaire : expressions et expositions transnationales. Rédigé par Dominique Marshall (Carleton University) appuyée d’une foule de collaborateurs, pour le compte de la Revue de la Société historique du Canada (Vol. 26, 1), l’article nous fait voyager à travers le monde et les conflits du XXe siècle et leur impact sur les populations. Encore une fois, on voudrait de meilleures images.

Allons enfin du côté des États-Unis, consulter le superbe article (en anglais) de Karen Sanchez-Eppler, publié par The Conversation, et qui nourrit notre espoir de voir le dessin d’enfant trouver sa juste place dans l’histoire et faire surgir celle-ci au regard des générations futures: How studying the old drawings and writings of kids can change our view of history.

The Nelson Brothers’ Encyclopedia for Their Fictional World, 1890s. Amherst College. Source: TheConversation.com, 23novembre 2020.

Quand la décision vous revient

Vous possédez peut-être une grande sensibilité artistique et ne tarissez pas d’éloges pour les dessins de votre enfant. Vous avez aménagé un coin pour le bricolage, vous avez un système en place pour encadrer et affichez les plus belles images, soit dans la cuisine ou ailleurs dans la maison. Surtout, vous impliquez votre enfant dans la décision, quand vient le temps de garder, réutiliser ou mettre le tout au recyclage. Toutefois, votre déception grandit chaque fois que votre enfant vous laisse entendre que le tout peut aller à la poubelle. Votre enfant ne partage pas votre enthousiasme pour le dessin.

Le dessin, comme activité ou ce qui en résulte, n’est peut être simplement pas le centre d’intérêt de votre enfant et c’est ainsi. Il n’a pas de quoi en faire une histoire. Votre propre sensibilité artistique n’a pas à converger avec votre accompagnement ou votre jugement parental. Il est probablement temps de décider pour vous-même si l’appréciation et la préservation des images réalisées par votre enfant ne devrait pas être votre propre projet personnel, tout simplement. Qu’il s’agisse d’un projet à moyen ou à long terme. En tant que parent, garder la trace du développement cognitif de votre enfant, sa capacité de raconter en images, ses interprétation de jeux entre amis ou de moments en famille, peut bien être votre affaire à vous. Votre enfant n’est peut-être pas aussi intéressé pour le moment, mais peut-être que son point de vue sera différent à l’age adulte. Vous voudrez peut-être connaître sa réaction dans pusieurs années, quand vous lui ouvrirez vos préciseuses archives. La réponse en sera probablement une de joie et de gratitude. Bien qu’il soit aussi possible qu’un « vraiment, pourquoi », soit au rendez-vous. Encore là, il n’y aura pas lieu de s’étonner ou d’être déçu, car vous saurez précisément pourquoi et n’en regretterez pas un instant.

Mon rêve, par Valérie, c1982. Source: CDIC-CIDE, 12 octobre 2020.

Sur les traces d’Onfim

Personne ne sait qui était ce petit garçon nommé Onfim, mais nous savons quand et à quel endroit il vivait: Époque médiévale, Russie. On le sait grâce à Onfim lui-même, car il dessinait, grâce à la curiosité des chercheurs et une bonne dose de chance. Les dessins d’Onfim n’étaient pas prédestinés à être préservés pendant des siècles, pourtant ils l’ont été, par le matériau, l’endroit, la nature et le hasard. Fouillez les détails de cette découverte époustoufflante dans l’article de Justin E.H. Smith sur LitHub.com: Onfim Wuz Here (en anglais). Article paru précédément dans Cabinet Magazine. Laissons les images d’Onfim nous inspirer et faisons en sorte que dans des siècles d’ici, les gens auront accès aux images héritées des enfants, non plus par chance mais à dessein.

Gramota No.203, d’après Onfim. Source: LitHub.com, 19 juillet 2020

Chacun de nous un pont

En ce printemps de distanciation sociale, on entend souvent dire qu’il y aura un avant et un après pandémie. Qu’est-ce à dire? Il y a toujours eu un avant et un après, et tout indique qu’il y en aura un encore pour longtemps. Il s’avère que nous nous retrouvons tous dans la même situation menaçante, de changements rapides. Une situation qui nous apporte une sensibilité maintenant aigüe de cet avant et après assourdissant.

Se préparer à un avenir qui est plus éloigné qu’immédiat, est une façon d’entretenir sa résilience et d’encourager les autres à en faire autant. C’est pourquoi aujourd’hui nous vous invitons à organiser vos propres archives, comme projet personnel ou familiale, pour les générations à venir. Chacun de nous est un pont. Un pont entre le passé et l’avenir. Il suffit d’assumer cette responsabilité de dire et de montrer son histoire, chacun a sa façon et selon sa perspective. Le bonus, c’est un projet qui peut apporter son lot de surprises et de plaisir. Revisiter le passé récent ou lointain, peut nous faire réaliser que même le passé change rapidement, quand on l’emballe pour l’offrir en présent, plus tard.

Comme point de départ, on vous recommande ce petit guide très abordable, publié par l’Association des archivistes du Québec : Comment gérer vos documents personnels.

Pont, c1966. Source: CDIC-CIDE.

C’était au printemps 2020

Qu’est-ce que les enfants dessinent pendant que les écoles sont fermées, en cette période de pandémie mondiale? Quelles images révélatrices subsisteront en souvenir de ce temps, dans les histoires que l’on racontera aux enfants et aux petits enfants?

Quelqu’un a-t-il un dessin d’enfant du temps de la Grippe Espagnole, il y a cent ans? Probablement pas, mais faisons tout pour éviter la catastrophe cette fois. Soyez prudents, en santé et protégez les plus vulnérables autour de vous!

Tristesse, by Valerie, c1982. Source: CDIC-CIDE.

Du livre illustré à l’illustration du… passé

Lorsqu’on examine son contenu, le dessin d’un enfant peut s’avérer une fenêtre sur son monde, et sur le nôtre aussi. Si ce dessin est assez ancien, il nous ramène à un passé presqu’effacé. Le dessin ci-dessous, de notre collection, a été fait par un garçon vers 1965. Ici, l’indice du passé est explicitement écrite sur le dessin. Il offre le titre d’un album auquel le dessin lui-même réfère. C’est le titre d’un album, écrit par Paulette Blonay et illustré par Pierre Nardin, qui a de toute évidence impressionné cet enfant et qui maintenant refait surface sur notre blog. Le livre publié en 1962 est maintenant une rareté chez les antiquaires. Le personnage de Lili et la série du même nom de cette autrice, est célèbre dans le monde et facile à dénicher, ce qui n’est pas le cas pour le petit Tony.

Notre entreposage

CDIC-CIDE est bien jeune et n’a pas encore son propre lieu d’exposition ou d’entreposage. Pour l’instant, nous avons retenu les services d’une formidable entreprise spécialisée dans la gestion des documents. Command Records Management est située à London, Ontario. L’entreprise offre un service et des installations hors pair, qui respectent les normes internationales de ARMA et PRISM. Votre contribution d’objets à la collection sont en sécurité et nous en prenons le plus grand soin.

Vers un accès complet en ligne

Nous planifions la mise en ligne d’un outil de recherche pour un accès complet à notre collection. Dites-nous ce qui vous intéresse le plus dans le dessin d’enfant et quels critères de recherche vous guident. Dites-nous par exemple, si vous souhaitez chercher par pays d’origine, date, âge, sujet dépeint, thème ou tout autre critère. Si vous utilisez souvent un moteur de recherche que vous aimez particulièrement, merci de nous le partager. Nous nous intéressons à ce jour surtout au logiciel libre Access to Memory, de la firme Artefactual Systems.

Access to Memory (AtoM) logo.
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