Les enfants sur l’art et les artistes

On leur avait demandé de dessiner leur famille, leur animal domestique, une espèce menacée, la guerre, un scientifique, une façon de sauver la planète, et bien d’autres choses encore. Deux chercheuses polonaises leur ont demander de dessiner un artiste. Elles n’ont pas aimé ce qu’elles ont vu et entendu.

Małgorzata Karczmarzyk est professeure agrégée à la Faculté des Sciences sociales à l’Université de Gdańsk (Pologne). Dominika Szelągowska enseigne les arts visuels dans un lycée de la même ville. Les deux sont aussi artistes visuels

Leur article Artists in the Eyes of Children – Semiotic Analysis of the Meanings about Artists Constructed by Children a été publié dans la revue Kultura i Edukacja en 2018 (No.2, pp. 131-141). Projet de taille modeste, seulement 13 élèves de sept ans ont participé, dans une même région de la Pologne. Une entrevue individuelle a accompagné chacun des dessins réalisés. Nous aurions préféré que ceux-ci soient tous publiés avec l’article, plutôt que seulement deux d’entre eux.

Le plus intéressant dans ce projet sont les questions à l’étude:

  • Quels sens donnent les enfants de sept ans au mot “artiste”?
  • Selon les enfants, quelles qualités ou caractéristiques distinguent les artistes d’autres personnes?
  • Comment les media de masse influencent-ils l’image que les enfants se font de l’artiste?
  • Les enfants ont-ils tendance à aesthétiser leur representation de l’artiste?

Rare sont les chercheurs qui ont demandé aux enfants comment ils perçoivent les artistes et l’art. Chose surprenante quand on pense au lieu commun répété ad nauseam que chaque enfant est un artiste. Cette analyse est sans doute un apport utile à la littérature sur le sujet.

Toutefois, les autrices semblent plus intéressées à blâmer les pédagogues pour la notion étroite et stéréotypée qu’expriment les enfants, plutôt que de bien cerner ce que ces derniers ont à dire et les engager pleinement dans la discussion. On dirait qu’elles se sont carrément servies des participants pour appuyer leur thèse de départ en ce qui a trait à la nécessité d’un changement de cap dans l’enseignement des arts à l’école. Le béret dont un garçon coiffe son peintre est jugé stéréotypé. De même que le chevalet qu’une fillette place devant le sien. Elles nous invitent à “blâmer le manque de connaissance des enseignants en arts visuels, une sensibilisation déficiente dans le domaine, leurs propres préjugés, leur manque d’ouverture envers les pratiques contemporaines, et même leurs propres mauvaises expériences scolaires. »

Les autrices nous annoncent d’emblée qu’elles montent aux barricades lorsqu’elles préviennent que “le but ultime de leur recherché est d’acquérir les données qui permettront d’apporter des changements réels en éducation, précisément dans l’enseignement des arts. »

L’article aurait pu être écrit il y a un siècle, tant on y trouve le sempiternel débat qui oppose l’enseignement des techniques versus celui de la libre expression, les classiques contre les modernes, les artistes pédagogues contre les pédagogues des arts. Enfin, pour ce qui est d’aimer ou pas leurs réponses, il semble que tout dépend de qui pose la question aux enfants.

Ci-dessous, un dessin de notre collection. Réalisé par Rishi, il décrit des éléments formels graphiques utilisés en dessin. Un travail scolaire que sans doute les autrices citées dans cet article jugeraient prompt à transmettre une perception dommageable et trop étroite de l’art aux enfants.

Élements de l’art. Par Rishi, 2020. Source: CDIC-CIDE.

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